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Interview : Jean-Michel et Alexandre Aulas rachètent LDLC Arena via HOLARENA

Alexandre et Jean-Michel Aulas (crédit : Sport Buzz Business)

Ce jeudi, les nouveaux propriétaires de la LDLC Arena tenaient une conférence de presse pour évoquer la transaction et présenter les ambitions de la salle inaugurée en fin d’année 2023.

Rachetée à Eagle Football Group (ex OL Groupe), la LDLC Arena est désormais propriété de la nouvelle société HOLARENA détenue à 60% par Holnest, le family office de Jean-Michel Aulas dirigé par son fils Alexandre qui devient Président de HOLARENA. A côté, on retrouve 13 autres partenaires avec notamment Groupama Rhône-Alpes Auvergne (15%), LDLC Invest (3,6%), le fonds Souverain Auvergne-Rhône-Alpes (4,2%), la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne (1,8%) et des entrepreneurs comme Xavier Niel ou encore Thierry Ascione et Jo-Wilfried Tsonga.

Pour en savoir plus sur ce rachat, nous avons posé quelques questions à Jean-Michel et Alexandre Aulas.

Sport Buzz Business : Un mot sur la relation familiale, le fait de travailler ensemble sur ce dossier, il y a des émotions forcément ?

Jean-Michel Aulas : C’est bien sûr une étape. On restait chacun dans notre domaine, plutôt discret, moins en ce qui me concerne du fait des activités sportives qui sont médiatiques. Mais il y avait déjà une relation puisqu’Alexandre travaille chez Holnest depuis 13 ans après avoir travaillé aux États-Unis dans des sociétés américaines et en France pour un fonds d’investissement très important. Il fallait trouver le momentum pour transmettre, en quelque sorte, la responsabilité opérationnelle du Family Office. C’est aussi le point de départ d’une nouvelle aventure.

SBB : En dehors de cette Aréna, est-ce qu’il y a d’autres investissements dans le sport au niveau du Family Office ? 

Alexandre Aulas : Non, il n’y a pas d’autres investissements dans le sport, à part quand même un principal qu’il ne faut pas oublier, on reste actionnaire de l’Olympique Lyonnais. On est surtout investisseurs dans des boîtes tech, du digital,… des métiers qu’on savait bien faire avec Cegid notamment.

« On se base sur environ 40 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel » – Alexandre Aulas

SBB : Pouvez-vous détailler l’opération financière réalisée avec ce rachat ?

Alexandre Aulas : Nous sommes sur une valeur d’entreprise à un peu plus de 160 millions d’euros qui correspond à la fois à une partie de la valeur des titres, des parts pour environ 70 millions d’euros et puis une partie endettement qui est de l’ordre de 90 millions d’euros. Dans les 70 millions d’euros, il y a eu une part d’échanges de titres pour environ 16 millions d’euros et le reste en cash.

Jean-Michel Aulas : Le leasing qui avait été négocié à l’origine a fait l’objet d’un transfert avec l’aval des banquiers et du cédant.

SBB : Dans vos projections, quels sont les revenus que peuvent générer l’Aréna ?

Alexandre Aulas : C’est difficile de communiquer exactement dessus, mais on se base sur environ 40 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel. Avec 120 événements, des séminaires… on a plusieurs salons et plusieurs salles. Il y a une grande modularité qui permet d’atteindre ce nombre d’événements et ces revenus sur l’année.

Jean-Michel Aulas : Dans le prolongement, on va monter à une cinquantaine de personnes salariées permanents, l’Arena génère un peu plus de 500 emplois au total au travers de la sécurité, du service… Sur le plan local, c’est extrêmement significatif et important. On saisira toute opportunité dans le futur pour continuer à se développer, évidemment.

« Ce serait génial de ramener un très beau tournoi de tennis ou un événement au sens large de tennis dans la région »

SBB : Cet investissement dans LDLC Arena nourrit-il d’autres ambitions dans le sport ? Investir dans un club sportif ou une entité qui viendrait occuper ici et là l’aréna, ça fait partie d’une réflexion ? Un tournoi de tennis ?

Jean-Michel Aulas : On essaie de réfléchir à tous les sports qui peuvent se dérouler dans l’Arena. Lyon, la région, a perdu ces dernières années un certain nombre de tournois de tennis qui en faisaient une référence. Donc si on peut trouver dans le futur l’opportunité de faire revenir du tennis ainsi que d’autres disciplines… Il n’y a pas d’équipe de handball professionnel à Lyon et c’est bien hommage. On a aujourd’hui des installations. Il y a bien sûr le basket avec LDLC ASVEL et Tony Parker et puis il y aura d’autres disciplines, il y a aura du MMA, probablement de la boxe, il y a eu du catch… il y aura sûrement une série de sports qui permettront à Lyon d’exister sur le plan international et c’est pour ça qu’on recherche d’une manière assez systématique tout ce qui se passe sur le plan international en matière de compétition en salle.

Alexandre Aulas : Je dirais que la question est même globale puisqu’en fait aujourd’hui pour des détenteurs d’actifs comme celui-ci, la question est de savoir est-ce qu’on veut être propriétaire aussi des shows que l’on produit dans l’aréna. Donc la réflexion peut être aussi au niveau des artistes et au niveau des shows au sens large, c’est une réflexion qu’on a en arrière-pensée en permanence mais on n’a pas encore de certitude mais c’est sur la table.

« On peut le confirmer. Il y aura au moins 8 matchs d’Euroleague de l’ASVEL à la LDLC Arena la saison prochaine »

SBB : Est-ce que LDLC ASVEL sera de retour la saison prochaine à la LDLC Arena ?

Alexandre Aulas : Oui, on peut le confirmer. Il y aura au moins 8 matchs d’Euroleague à la LDLC Arena la saison prochaine. C’est en ligne avec ce qui s’est passé cette année. Et donc, le développement va se passer en termes d’affluence, on l’espère, et en accord total avec la mairie de Villanban également pour le reste des matchs.

SBB : Est-ce qu’il y a une typologie d’événements qui apparaît plus rentable que d’autres, entre le sport, les concerts, les spectacles ?

Alexandre Aulas: Il y a bien évidemment une différence entre chaque typologie d’événement. Aujourd’hui, on apprend en marchant, la LDLC Arena a ouvert en fin d’année 2023 avec 37 événements organisés, c’est à la fois beaucoup et c’est à la fois peu. Sur les événements qui ont peut-être un petit peu moins bien marché, on a déjà identifié des choses pour faire en sorte qu’ils reviennent sur les niveaux de marge des événements qui ont le mieux marché. On va s’améliorer encore au quotidien. On accueille dans quelques jours Molière l’Opéra qui, sur le papier, apparaît comme un événement un peu plus mineur par rapport à d’autres événements. Néanmoins, on va faire je pense de très bons résultats. On a fait un premier match de handball qui a généré pour nous plein de questions et on a eu des réponses. On va encore s’améliorer sur tous les domaines d’activité.

crédit : Sport Buzz Business

SBB : En tant que propriétaires, de quelles têtes d’affiches rêvent Jean-Michel et Alexandre Aulas ?

Alexandre Aulas : Je pense qu’en évènements sportifs, sur la métropole et sur la région, il y a un appétit important pour le tennis, donc je vais le redire, je pense que ce serait génial de ramener un très beau tournoi de tennis ou un événement au sens large de tennis dans la région. Et puis, d’un point de vue musical, il y a Justin Timberlake qui vient en septembre, donc c’est déjà pas mal. Mais un Usher, par exemple, pourrait être quelque chose de sympa !

(Alexandre s’éclipse de notre échange et nous poursuivons avec Jean-Michel Aulas)

SBB : Quels sont les forces d’Alexandre selon vous et pourquoi c’est le bon profil ? 

Jean-Michel Aulas : Il a eu la chance de travailler dans des banques américaines sur des projets de M&A, des projets de croissance externe. Il a travaillé sur le plan opérationnel en France dans d’autres fonds d’investissement. Et puis c’est peut-être un peu prétentieux, mais il a travaillé à côté de son père pendant des années. C’est pas facile ! (rires)

SBB : C’est Une bonne école ?

Jean-Michel Aulas : J’espère, en tout cas, je fais tout pour. Et puis, dans la technologie, il n’y a pas photo. On va très rapidement intégrer un certain nombre de programmes d’intelligence artificielle, y compris dans l’animation et la gestion de la salle. Il fait partie de ces gens qui n’ont pas de problème avec le digital. Et puis, on a eu le temps de travailler ensemble. On a même vécu ensemble à Paris en colocation à un moment…

« C’est peut-être un peu prétentieux, mais il a travaillé à côté de son père pendant des années. C’est pas facile ! (rires) » – Jean-Michel Aulas

SBB : Il s’est nourri de vous.

Jean-Michel Aulas : c’est quelqu’un de très discret. Il adore le foot, il joue, il allait avec les groupes de supporters au stade, y compris à Saint-Etienne pour le derby, il est content qu’il y en ait à nouveau. Je pense qu’il a aussi pris confiance en lui.. A 75 ans, il était raisonnable qu’on puisse se répartir les tâches. En tout cas, pour moi, c’est un nouveau projet de vie qui arrive et qui va me permettre de faire plein d’autres choses, en particulier à la Fédération Française de Football.

SBB : Vous êtes désormais Président de la nouvelle Ligue féminine de football professionnel, quels sont les prochains dossiers ?

Jean-Michel Aulas : Nous sommes sur le point d’annoncer plein de partenaires pour le football féminin au niveau national voire mondial qui vont nous permettre de lancer la L2FP, Ligue Professionnelle de Football Féminin, mais aussi de supporter l’Equipe de France qui se préparera pour les Jeux Olympiques à Lyon.

Nous souhaitons également faire un lien avec tous les engagements de solidarité. Nous sommes la première fédération en France avec 2,2 millions de licenciés. Mais on veut être aussi la première fédération en matière de solidarité et en matière d’engagement. Près de 10 personnes ont été engagées à plein temps. On vient de faire aussi une opération extrêmement brillante avec Nike qui s’engage pour 10 ans et qui nous donne les moyens de notre ambition. On a envie de bien faire les choses, bien sûr dans les grandes compétitions de football, mais aussi en dehors.

SBB : Quelles sont les ambitions de la nouvelle Ligue Féminine ?

Jean Michel Aulas : Nous avons l’ambition sportive, économique et marketing. On va prendre des initiatives en matière de produits structurants pour ce championnat que nul autre ne dispose. Et il ya le financement des clubs par la fédération parce qu’il y a besoin de donner un peu de souffle. Les meilleures équipes européennes actuellement sont françaises, même s’il y a le FC Barcelone au milieu, nous avons le Paris Saint-Germain, le Paris FC et l’OL. On a de sérieux atouts pour propulser le football féminin au plus haut niveau. Je veux faire de la Ligue de football féminin, la première ligue européenne. Il y a 20 ou 25 ans, quand chez les garçons les anglais prenaient des initiatives en termes de compétitivité, ils avaient visé juste et aujourd’hui ils ont gardé cette avance. Il faut qu’en football féminin on ait la même approche pour générer des partenaires. On va annoncer très prochainement de grands grands partenaires. Tout n’est pas encore finalisés mais en tout cas, on en a plusieurs, ce qui prouve l’intérêt. Si on peut faire coïncider ça avec une médaille aux Jeux Olympiques, on sera ravis !

« On est à deux mois du démarrage de la Ligue 1 et c’est très court pour créer cette chaîne. Il y aura sûrement des compromis à faire »

SBB : Une dernière question évidemment sur le dossier des droits TV de la Ligue 1. Quel message souhaitez-vous faire passer ? Comment ça va se finir ?

Jean-Michel Aulas : Comment ça va se finir ? Malheureusement, je ne suis pas devin. Par contre, je pense qu’il faut aujourd’hui prendre un certain nombre d’initiatives. Nous avons des grands opérateurs français, CANAL+ depuis des années… j’ai signé un contrat de 6 ans avec eux et le foot féminin l’année dernière, ça permet de garder le contact et de voir comment on peut générer des choses nouvelles… Il y a bien sûr beIN SPORTS qui est prêt à faire des efforts. Et puis l’une des tendances actuelles, il y a une série d’opérateurs qui pourraient être dans une distribution non-exclusive. En tant qu’entrepreneur, avant dans le football, maintenant dans d’autres choses, je privilégie la notion de moins grand risque à la notion de quantité. On est à deux mois du démarrage de la Ligue 1 et c’est très court pour créer cette chaîne. Il y aura sûrement des compromis à faire… et peut-être que ceux qui veulent demain se faire une place au soleil du football français – qui sur le plan international est parmi les meilleurs du monde –  pourraient saisir des opportunités. Je crois qu’il faut qu’au niveau de la Ligue et de la Fédération, on ait aussi le sens des réalités. Si on ne peut pas obtenir ce qu’on avait imaginé il y a quelques années ou quelques mois, tout de suite, Il faut peut-être passer par une phase intermédiaire et rassurer les entrepreneurs que sont les présidents de club parce qu’il commence à y avoir de l’inquiétude.

 




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